Puzzle Macabre

                                                                                                                             DO/2010 

 

« U

 

 

 

ne belle journée pour mourir ! »

 

 Maxime prit une grande inspiration en arrivant devant chez Marlène. Il n’avait pas vu la jeune femme depuis plus de quinze ans, mais curieusement, il lui semblait que leur dernière rencontre n’était pas si lointaine. Sans doute l’effet magique de cet Internet, qui lui avait permis de la retrouver et de refaire un peu connaissance après toutes ces années.

 

A l’entrée de sa jolie maison, la jeune femme affichait une certaine nervosité. Elle l’attendait probablement, mais devait surtout redouter l’indiscrétion de ses voisins dans ce quartier pavillonnaire. C’était l’avantage et l’inconvénient tout à la fois des villes nouvelles en open field, où tous les espaces sont mis à profit pour amplifier l’impression de liberté, l’impression seulement.

Le brun ténébreux n’accéléra surtout pas le pas : il s’amusait intérieurement de la voir trépigner. « J’arrive… ! »

 

Elle fit l’effort de réfréner ses élans, au moins en apparence jusqu’à ce que la porte se referme. C’était bien entendu tout le contraire qui sautait aux yeux : sa fébrilité, son impatience.

Sitôt à l’intérieur, elle lui sauta au cou, toute à la joie des retrouvailles. Instinctivement, elle retrouva immédiatement sa bouche et ses lèvres se collèrent aux siennes, comme happées par l’attirance magnétique d’un aimant. Marlène était fébrile malgré tout : elle semblait avoir envie de tout, mais ne pas savoir comment faire pour l’obtenir ou simplement ne pas oser.

 

Maxime sentait qu’elle ravivait en lui, avec les souvenirs lointains de cette fin d’adolescence insouciante, une certaine nostalgie. Il lui parut retrouver le goût de ses baisers, comme si le dernier ne datait plus que d’hier. Acceptant enfin de rompre leur contact labial, elle le précéda vers le salon, le conduisant jusqu’au canapé. Fiévreuse, elle pouvait sentir sa présence juste derrière elle, peut-être son regard sur son corps. Elle voulut se retourner, n’en eut pas le temps.

 

L’homme se jeta sur elle et son étreinte l’emprisonna aussitôt.

 

Ses mains se mirent à courir sur son corps. Elle ferma les yeux, acceptant implicitement de s’abandonner à son propre désir, et surtout à la virilité de Maxime. Elle l’avait quitté maladroit et inexpérimenté ; il prenait maintenant les choses en main avec une mâle assurance, une fermeté empreinte d’une savante gestion. Tous ses mouvements semblaient calculés pour lui faire perdre la tête ; et sacrément bien calculés, pensait Marlène.

 

Elle perdit pied avec bonheur dans ses bras forts, sans plus penser à quoi que ce soit, aux antipodes de son univers. Oubliée la belle maîtrise qui l’accompagnait dans sa vie quotidienne de responsable commerciale, envolée la domination dont elle savait faire preuve habituellement dans sa vie même. Elle s’abandonna en une fraction de seconde, comme si le monde pouvait s’arrêter de tourner à ce moment-là, comme si elle acceptait que sa vie ne cesse dans l’instant…

 

Et elle cessa.

 

 

Puzzle Macabre, par Olivier Damien 19/10/2010.

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