Puzzle Macabre - Préambule

Publié le par Olivier DAMIEN

Huit ans auparavant, février 2004 :

Dans un silence feutré, les gestes prenaient le relais de mots devenus inutiles. Les deux corps enlacés ne faisaient par moment plus qu’un, physiquement bien sûr. Et les deux cœurs semblaient battre à l’unisson, amplifiant leur communion charnelle.

Après quelques longs instants d’une étreinte passionnée, les deux amants assouvis se lovèrent l’un contre l’autre, la vague orgasmique les ayant submergés et laissés là, épuisés mais repus, entre les draps de satin écru.

Personne ne souhaitait vraiment interrompre une quiétude aussi agréable. La jeune femme s’y résolut enfin :

— C’était merveilleux chéri. J’aime ça et je n’aurais jamais envie de me passer de moments si intenses.

— C’est facile, ne le fais pas ! Ironisa Maxime.

— Très drôle, tu sais bien de quoi je veux parler…

Tout en finassant, Maxime profitait des vapes salutaires offertes par la jouissance, maintenant sa tête posée contre la poitrine généreuse de sa maîtresse. Du bout du doigt, il en caressait le galbe, soulignant ses courbes en prenant soin de ne pas en irriter la peau encore trop sensible. Il y avait une délicieuse chair de poule qui parcourait le corps de la femme ; il se plaisait à l’entretenir, à la ranimer doucement quand elle semblait s’éteindre. Il admirait cette petite tâche sous son sein gauche : si elle avait été un tatouage, elle aurait sans doute représenté un petit cœur, juste au-dessus de celui qui battait toujours fort et tentait de recouvrer un rythme moins frénétique.

Elle le rappela soudain à la réalité.

— Maxime, je ne veux pas te brusquer, mais il faut que tu partes. Mon mari a beau être au travail, j’ai toujours peur qu’il débarque à l’improviste.

— Tu n’as qu’à prendre une décision une bonne fois pour toutes et tu n’auras plus besoin de prendre en compte ce genre de détails.

— Arrête ! Tu sais bien que ce n’est pas si facile, et j’ai toujours détesté les conflits.

Le ton de sa voix avait changé d’un coup, durci en fait. Maxime avait relevé la tête dans le même temps, comme renvoyé par l’onde de choc créée par l’écho de sa phrase.

— De toute façon, ce n’est pas la question ! Tu savais très bien quand nous nous sommes rencontrés que je n’avais pas l’intention de quitter mon mari. J’avais été claire. Rien n’a changé.

Elle ajouta :

— Je savais que je n’aurais jamais dû accepter…

Il n’y avait plus aucune chaleur dans le ton qu’elle employait. Et l’effet fut immédiat, refroidissant aussitôt les ardeurs de Maxime, et lui faisant violemment quitter le confort rassurant de ses transes. De quoi faire redescendre n’importe qui d’ailleurs.

Dans cet instant, il mesura à quel point elle avait la capacité de mettre fin à tout ceci. Le réveil pour le coup était un peu brutal. Il se rendait compte que cette situation était d’une fragilité incroyable : il se perdait dans une relation unilatérale, où celle qui était censée être son amante venait de lui jeter au visage la friabilité de leurs liens. Ou plutôt d’un lien qu’il croyait existant. Elle le conforta très vite dans le sens de ses réflexions.

— Tu as sans doute raison, Maxime, je n’ai qu’à prendre une décision et assumer mes choix.

Elle reprit une profonde inspiration, comme si malgré tout, elle n’avait pas vraiment désiré cette suite à leur aventure.

— On va s’arrêter là, nous n’aurions sans doute jamais dû commencer cette histoire. Je croyais que tu avais compris qu’il n’y avait aucune issue possible.

Puis d’ajouter :

— Je préfère que tu partes. Maintenant !

Maxime obtempéra à ce qui faisait office d’ordre dans la bouche de cette femme qu’il avait cru connaître. Il se faisait un peu honte, en se sentant tout à coup dans la peau d’une prostituée, qui a rendu son office et à qui on demande bien vite de partir, pour ne pas être vu en sa compagnie. « C’est ça Max, tu as fait ton boulot, rentre chez toi maintenant ! ». Pas même le temps de se rafraîchir.

Il sortit de l’appartement, discrètement, pour aller reprendre le cours de sa vie. Il avait un étrange goût amer dans la bouche. Un goût détestable qui le rappelait à sa condition : il n’avait été que le sextoy d’une femme qui se sentait seule et s’autorisait à céder à toutes ses pulsions. Il était bien loin de cet idéal romantique, qu’il s’était toujours fixé naïvement comme objectif à atteindre. Il n’avait existé pour elle, que pour lui donner du plaisir. Elle n’avait rien souhaité d’autre. Rien de bien ne pouvait lui arriver au travers de relations semblables. Mais, l’addition était salée pour le coup : il venait de le comprendre à ses dépens, et avait été balayé du revers de la main, comme on se débarrasse des reliefs dérangeants d’un bon repas en essuyant les dernières miettes, sans se préoccuper des sentiments de la cuisinière.

C’est cela, il se sentait comme une femme bafouée, et c’était vraiment très désagréable.

Il entra dans le froid de la nuit, et la température ambiante eût tôt fait de réduire à néant les dernières parcelles de chaleur qu’il avait tenté de conserver précieusement, pensant prolonger ainsi la persistance des seuls bons souvenirs de cette soirée.

Bien entendu, il savait qu’en entamant cette relation avec une femme mariée, il ne s’offrait quasiment aucune chance d’en sortir quelque chose de bon, mis à part du plaisir, simplement du plaisir, ne fut-il que physique et de courte durée. Et puis, le temps aidant, des sentiments étaient nés et avaient pris la place de ses simples intentions du début.

Six mois étaient passés, et il s’était pris au jeu. Il en payait maintenant le prix. Non seulement il n’était pas fait pour ce genre de relations adultérines, mais il avait sous-estimé les dégâts que cet échec risquait d’occasionner.

 C’était la dernière fois qu’il commettait ce genre d’erreur, ça oui !

Publié dans Puzzle Macabre

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G
<br /> Bon préambule, donne envie de lire la suite.<br /> <br /> <br />
Répondre
O
<br /> <br /> Eh bien, n'hésite pas cher lecteur, puisque la suite est en ligne également, j'attendrai la suite des commentaires,<br /> <br /> <br /> à bientôt,<br /> <br /> <br /> Olivier.<br /> <br /> <br /> <br />